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Entretien avec Nicolas Le Forester, fondateur de Grimgate


Par Mila Sourire

J’ai eu l’occasion de rencontrer Nicolas Le Forester, fondateur de Grimgate. Réalisateur de courts-métrages spécialisés dans l’horreur, primé à plusieurs reprises, et auteur d’un long-métrage, il a choisi de mettre son savoir-faire au service d’un univers immersif unique.


Nicolas Le Forestier

Peux-tu nous parler de l’univers Grimgate ?

« Grimgate, c’est à la fois un monde et une mythologie fictive. À première vue, tout semble normal, mais en creusant, on découvre une réalité qui oscille entre le fantastique et le fantaisiste. Les créatures, les personnages, les mythes et légendes que nous connaissons dans notre univers… sont réels à Grimgate. »

Quelles sont tes inspirations cher fondateur de Grimgate ?

« Mes références sont multiples. D’abord, Lovecraft, pour son cynisme face à l’existence : dans Grimgate, chaque personnage est insignifiant. L’antagoniste, souvent, a de "bonnes intentions", mais remet en cause nos repères moraux et souligne l’absurdité de notre condition. Tu es la création d’un dieu fou qui n’a pas conscience de toi… tandis que le dieu qui te connaît veut ta mort pour sa survie. Cette mécanique s’explore pleinement dans Les Secrets de Golanges.
Je m’inspire aussi de Sandman, Coraline, de la mythologie nordique (notamment Odin et son corbeau), mais aussi des univers SCP, des creepypastas et de l’esthétique dérangeante d’internet. John Carpenter m’influence beaucoup visuellement.
Ce qui m’intéresse, c’est la peur de la mort, ou au contraire ce qu’il se passe lorsqu’il n’y a plus de mort… donc plus de peur. Tous mes personnages sont animés par cette tension. »

Pourquoi passer du cinéma à l’immersion ?

« J’ai commencé par le cinéma. Mais même avec la meilleure mise en scène, il y a toujours une barrière : l’écran. Le spectateur reste dehors. Avec la murder party, tout change. Ce n’est pas une pièce de théâtre figée : les spectateurs deviennent les personnages, ils interagissent, inventent, surprennent. Et moi, j’ai la chance de parler avec mes propres créations, de les voir vivre et évoluer. C’est une dimension unique et incroyablement satisfaisante.
La murder party est, selon moi, le format le plus concret pour rendre vivant un univers fictif. »

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait créer sa propre murder party ?

« Première règle : fuyez les clichés. Les intrigues à la Hercule Poirot, c’est vu et revu. Vous pouvez créer n’importe quel univers, n’importe quelle situation ! Alors ne vous limitez pas à une enquête policière. »

Comment structures-tu tes histoires ?

« Contrairement à un film, une murder party reste avant tout un jeu. Je ne peux pas écrire un scénario figé et imposer un script aux joueurs. Je commence par créer une situation pour chaque personnage, en me demandant si le joueur va s’amuser. Ensuite, je laisse beaucoup de liberté. Parfois, un joueur invente quelque chose de génial, et c’est tellement marquant qu’on l’intègre dans la version canon de l’univers. C’est une collaboration entre les game designers et les joueurs : leur créativité est aussi précieuse que la nôtre. »

Comment convaincre une personne peu familière de l’immersion ?

« L’immersion ne plaît pas à tout le monde, et c’est normal. Elle demande du lâcher-prise, de l’imagination, l’envie d’endosser un rôle. Certaines personnes restent trop attachées au concret. Mais si un jour vous avez besoin de prendre du recul, de vous offrir une parenthèse hors de votre quotidien, et que vous acceptez de vous laisser aller (pas besoin d’être comédien !), alors vous pourriez bien vous laisser séduire par l’univers immersif. »

 
 
 

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